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III. Europa und die Anschlußfrage

[114]
L'Europe et la question de l'Anschluß
Alcide Ebray, Ancien ministre-résident de France (Paris)

L'Anschluß n'est pas opposé aux intérêts des autres états • La volonté de l'Anschluß de l'Autriche allemande • L'opinion de Bismarck et Crispi sur la possibilité d'une réunion des territoires allemands de l'Autriche avec l'Allemagne • Poincaré sur la question de revision • L'interdiction de l'Anschluß une violation du droit • Les maximes de Wilson • La position de l'Autriche allemande dans la "Großdeutschland" • Problèmes de la frontière allemande • La Suisse et la question de l'Anschluß • Les motifs pour l'Anschluß d'un point de vue européen • Diplomatie et l'opinion publique • In deutscher Übersetzung.

Il peut arriver, en politique internationale, que des solutions indiquées par la raison, la justice et même l'honneur, soient en opposition avec les intérêts de pays déterminés. En pareil cas, il est très difficile pour les ressortissants de ces pays d'émettre une opinion sur ces solutions. Même s'ils pouvaient atteindre à l'objectivité dont ils doivent nécessairement manquer, ils se trouveraient dans une situation moralement très pénible, ayant à choisir entre l'intérêt de leur propre pays, et d'autre part, la raison, la justice, et même l'honneur. Ils risquent donc d'encourir le reproche de manquer de patriotisme, ou de manquer de sens moral.

La question de l'Anschluß c'est-à-dire du rattachement éventuel de l'Autriche allemande au Reich allemand, se présente d'une manière assez curieuse. La raison, la justice, et même l'honneur, plaident en faveur de ce rattachement. Cependant, plusieurs pays estiment que cette solution constituerait un danger pour eux. C'est pourquoi, après avoir obtenu que les traités de paix de Versailles et de Saint-Germain l'interdissent juridiquement sans leur consentement, ils s'efforcent de la rendre politiquement impossible dans le présent et dans l'avenir. Cette opposition vient surtout des voisins de l'Allemagne et de l'Autriche: France, Belgique, Pologne, Tchéco-Slovaquie, Yougoslavie, Italie. Les ressortissants de ces pays doivent-ils donc s'abstenir de parler en faveur de l'Anschluß? On devrait répondre par l'affirmative, s'il s'agissait vraiment d'un danger pour eux. Mais un peu de réflexion suffit à faire comprendre qu'il s'agit d'une simple illusion, d'une suggestion de l'imagination. A quiconque raisonne, il apparaît que l'Anschluß, bien loin de constituer un [115] danger pour les voisins de l'Allemagne et de l'Autriche, représenterait au contraire un facteur favorable au maintien de la paix.

C'est pourquoi le signataire de ces lignes, lorsqu'il a été sollicité de donner, dans un ouvrage consacré à l'Anschluß, son opinion sur cette importante question, n'a pas hésité à y consentir, quoique son opinion dût être favorable à la réunion de l'Autriche allemande au Reich allemand. Il savait bien qu'il s'exposerait à des reproches dans son propre pays, ou dans des pays alliés ou amis du sien. Mais ces reproches lui paraissant d'avance non fondés, comme provenant d'une illusion, il a cru pouvoir n'en pas tenir compte. En d'autres termes, il n'a vu aucune opposition entre l'intérêt de son pays, ou celui de la paix en général, et une solution pour laquelle plaident la raison, la justice et l'honneur.

Dans son rapport à la Cambre française sur le traité de Versailles, M. Louis Barthou a placé le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes en tête des quatre "principes généraux" dont il prétendait que ce traité était l'expression. Et cependant, il résultait de son rapport même que ce droit n'avait pas été respecté dans le règlement de la paix. Dans certains cas où il avait été violé, il pouvait y avoir des circonstantes atténuantes, ou même des excuses, en faveur des négociateurs qui l'avaient violé. C'est ainsi qu'il eût été difficile de reconstituer la Bohême indépendante sans y inclure trois millions et demi d'Allemands qui ne voulaient pourtant pas en faire partie. Dans d'autre cas, comme celui de l'Autriche, il n'y avait ni circonstances atténuantes, ni excuses.

Au moment de la conclusion de la paix, il ne pouvait déjà plus y avoir de doute que les Autrichiens, qui sont des Allemands par la race et par la langue, voulaient faire partie de la Grande-Allemagne. Le 12 mars 1919, donc avant la signature des traités de Versailles et de Saint-Germain, l'Assemblée nationale autrichienne avait émis un vote unanime établissant pour l'Autriche le régime républicain et proclamant son union – donc l'Anschluß – avec la République allemande. Quand, à cause de l'opposition de l'Entente, l'Assemblée nationale se fut résignée, le 6 septembre 1919, à voter le traité de Saint-Germain (par 97 voix contre 23), elle vota en même temps une résolution protestant contre l'injustice qui était commise à l'égard de l'Autriche par l'interdiction qui lui était faite de s'unir à l'Allemagne. Après le vote des traités, de nombreuses manifestations eurent lieu, qui prouvèrent que le désir de cette union restait [116] vivace dans le coeur des Autrichiens. Ce fut le cas, notamment, le 1er octobre 1920, lorsque l'Assemblée nationale, votant à l'unanimité, invita le gouvernement à soumettre au peuple, par voie de plébiscite, la question de l'union de l'Autriche à l'Allemagne, consultation qui fut rendue impossible par une nouvelle opposition de l'Entente.

M. André Tardieu a donc formulé un sophisme, lorsque, à la Chambre française, le 26 mai 1920, et plus tard dans son livre La Paix, il a tiré argument du vote du traité de Saint-Germain par l'Assemblée nationale autrichienne, pour contester que l'Autriche voulût l'Anschluß.

Contrairement á ce qui a été le cas pour d'autres nationalités ou fractions de nationalités violentées, l'union de l'Autriche au Reich allemand n'aurait pas fait obstacle à la création ou à la restauration d'autres Etats qu'on voulait créer ou restaurer, ni à l'agrandissement de certains Etats qu'on voulait agrandir.

Il en résulte qu'aujourd'hui on pourrait donner satisfaction au désir des Autrichiens de s'unir à l'Allemagne sans porter préjudice à aucun Etat, ce qui ne serait pas le cas si l'on voulait rendre leur droit de libre-disposition à des fractions de nationalités qu'on en a privées, en les incorporant contre leur gré à des Etats auxquels elles ne voulaient pas appartenir.

Ce n'est pas seulement au point de vue ethnique, linguistique et culturel, et au point de vue du droit des peuples à disposer d'eux-mêmes, que l'Anschluß représenterait une chose normale. Ce le serait aussi au point de vue historique et politique, car cela serait simplement un retour au passé, à un passé millénaire, qui répondait aux conditions naturelles de l'Europe centrale.

L'Autriche a fait partie pendant des siècles du Saint-Empire romain de nation germanique. Après les bouleversements de l'ère révolutionnaire et napoléonienne, l'Europe, en 1815, a restauré le Saint-Empire sous une autre forme et sous un autre nom: la Confédération germanique (Deutscher Bund). Il a fallu la politique de Bismarck, en 1866, pour détruire cette formation politique. Plus Prussien qu'Allemand, Bismarck a sacrifié l'Allemagne à la Prusse, au prix d'une guerre civile pendant laquelle il a fait alliance avec un Etat étranger contre la moitié des Allemands. Animé déjà de l'esprit qui, plus tard, devait lui faire entreprendre le Kulturkampf, autre guerre civile entre Allemands, il poursuivait dans l'Autriche non [117] seulement l'Empire des Habsbourg, dynastie qu'il considérait comme rivale des Hohenzollern, mais aussi, et surtout, un Etat catholique.

La tendance vers l'unité était pourtant si forte parmi les Allemands, que Bismarck, après avoir détruit cette unité en 1866, la reconstitua partiellement en 1871, après la défaite de la France; partiellement seulement, car il resta hostile et intransigeant à l'égard de l'Autriche. Dans les Mémoires de Crispi, on constate ce fait curieux: l'homme d'Etat italien, au cours d'un entretien avec Bismarck, s'étant montré favorable à une réunion de l'Autriche et de l'Allemagne, donc à l'Anschluß, le chancelier allemand s'y montra au contraire opposé, ajoutant que si on lui offrait des provinces de l'Autriche catholique, il ne les accepterait pas.

N'est-il pas étrange de voir aujourd'hui certaines puissances, par exemple la France, s'obstiner à maintenir ce qui reste de l'oeuvre de Bismarck?

Le journal parisien Excelsior, du 14 septembre 1930, a publié, sur la question de la revision éventuelle des traités, un article de M. Poincaré, où l'on pouvait trouver un argument très fort en faveur de l'Anschluß. L'ancien Président de la République, après avoir constaté qu'on ne pourrait pas modifier les traités sur la base du droit de conquête, disait:

      "On s'efforcera donc d'appliquer d'autres règles, plus conformes aux aspirations modernes. Mais lesquelles? Les frontières des pays européens ont été trop souvent déplacées par les siècles pour qu'on trouve dans l'Histoire une délimitation idéale, consacrée par le temps et par le consentement unanime des peuples. On aura beau faire cent fois le tour de la question. On en reviendra forcément, – de guerre ou de paix lasse – au critérium de 1919, les nationalités. J'ai montré, l'autre jour encore, tout ce que ce terme a de vague et d'incertain, si l'on n'a pas soin, d'abord, de le définir avec clarté. Quel que soit le signe ethnique ou linguistique auquel on prétende distinguer une nationalité, on n'a rien fait si l'on n'a pas tenu compte des autres éléments qui la composent et notamment de tous ceux qu'a énumérés Ernest Renan dans sa brochure célèbre, communauté des souvenirs et des traditions, influence de la terre et des morts, conscience de l'unité nationale, volonté de vivre ensemble, de constituer et de maintenir une patrie. Dans une conception saine de la justice et de la paix, comment négligerait-on les intérêts et les désirs de ces êtres collectifs?"

[118] Dans le cas de l'Autriche et de l'Allemagne, ce n'est pas seulement le "signe ethnique ou linguistique" qui parle en faveur de l'Anschluß. Ce sont aussi les autres "éléments" dont parlait M. Poincaré: la "communauté des souvenirs et des traditions", l'"influence de la terre et des morts", la "conscience de l'unité nationale", et surtout la "volonté de vivre ensemble, de constituer et de maintenir une patrie".

En parlant ainsi, M. Poincaré songeait certainement à l'Alsace, dont l'Anschluß à la France se justifie, non par le "signe ethnique ou linguistique", mais par les autres "éléments" qu'il indiquait.

Ernest Renan, à l'autorité de qui M. Poincaré se référait, a dit que les Alsaciens étaient des Allemands, mais des Allemands qui voulaient appartenir à la France, et que cela tranchait la question.

S'il est normal et juste que des Allemands, – les Alsaciens, – soient allés à la France, parce qu'ils le voulaient, ne serait-il pas encore plus normal et plus juste que des Allemands, – les Autrichiens, – allassent à l'Allemagne, s'ils le veulent?

La principale raison qui milite en faveur de l'Anschluß, en tant du moins qu'il est désiré par l'Autriche et par l'Allemagne, est une question d'honneur. Les deux Empires centraux avaient proposé à leurs adversaires de conclure la paix sur la base du programme élaboré par M. Wilson, et qui comprenait quatre séries de points: les 14 points formulés dans le message au Congrès, du 8 janvier 1918; les 4 points formulés dans le message au Congrès, du 11 février 1918, pour répondre aux déclarations allemandes et autrichiennes au sujet de la paix; les 4 points formulés dans le discours prononcé à Mount Vernon, sur la tombe de Washington, le 4 juillet 1918; enfin, les 5 points formulés dans le discours prononcé le 27 septembre 1918, pour l'ouverture de la campagne du IV° emprunt de la Liberté. L'Entente avait formellement accepté que la paix fût conclue sur ces bases. Il y avait là, sans contestation possible, des préliminaires de paix. Ces préliminaires ayant été conclus, l'Entente avait exigé des deux Empires centraux qu'ils se missent dans l'impossibilité de reprendre les opérations militaires, ce qui lui avait été accordé. Or, l'Entente ayant obtenu cela, elle ne tint plus compte des préliminaires de paix et imposa à ses adversaires des conditions beaucoup plus dures que celles qui avaient été convenues.

[119] De la part de l'Entente, qui se trouvait désormais devant des adversaires sans défense, cette violation des préliminaires de paix a constitué une faute contre l'honneur.

Les préliminaires de paix comportaient, sans contestation possible, l'union de l'Autriche et de l'Allemagne, autrement dit l'Anschluß, en tant du moins que cette union était désirée par les deux pays.

Dans le message du 11 février 1918, il était dit:

      "Il faut que les peuples et les provinces cessent de faire l'objet de marchandages et de passer de souveraineté en souveraineté comme de simples biens meubles, ou comme des pions dans un jeu, dans le grand jeu aujourd'hui discrédité à jamais de l'équilibre des puissances."
      "Il ne doit être fait, dans cette guerre, aucun règlement territorial qui ne réponde aux intérêts et avantages des populations intéressées et qui soit une simple clause d'arrangement ou de compromis entre les prétentions d'Etats rivaux."
      "Toutes les aspirations nationales bien définies devront recevoir la plus complète satisfaction qui puisse leur être accordée sans introduire des causes nouvelles ou perpétuer des causes anciennes de discorde et d'antagonisme susceptibles, avec le temps, de rompre la paix de l'Europe, et par conséquent du monde."

Dans le discours du 4 juillet 1918, il était dit:

      "Le règlement de toute question concernant soit les territoires, soit la souveraineté, soit les accords économiques ou les relations politiques, sur la base de la libre acceptation de ce règlement par le peuple immédiatement intéressé, et non sur la base de l'intérêt matériel ou de l'avantage d'aucune autre nation ou d'aucun autre peuple qui pourrait désirer un règlement différent en vue de sa propre influence extérieure on de son hégémonie."

Comme les "aspirations nationales" de l'Autriche et de l'Allemagne, dans le sens de l'Anschluß, étaient aussi "bien définies" que possible, il résulte clairement de ces textes que l'Entente a violé le programme de M. Wilson, autrement dit les préliminaires de paix, parce qu'elle a sacrifié la volonté et l'intérêt des Autrichiens et des Allemands, non pas à son intérêt, mais à ce qu'elle s'imaginait être son intérêt.

Pour préciser le sens de ce manquement à la parole donnée, il faut se représenter la situation de la manière suivante. En même temps que l'Entente avait demandé à l'Autriche allemande de consentir à la dislocation de l'ancienne Monarchie austro-hongroise, elle lui avait promis, comme une compensation, son incorporation à un autre grand Etat, le Reich allemand, ce qui eût donné satisfaction à ses aspirations nationales et à ses intérêts économiques. D'autre [120] part, en même temps qu'elle avait demandé au Reich allemand la cession d'importants territoires, notamment de l'Alsace-Lorraine, elle lui avait promis une compensation territoriale sous la forme de l'Anschluß. C'est à cette double promesse que l'Entente a manqué vis-à-vis des Empires centraux.

Si les pays victorieux voulaient aujourd'hui revenir sur tous leurs manquements aux préliminaires de paix, il leur faudrait sacrifier certains avantages réels que leur ont valus ces manquements. Cependant, il n'en est pas ainsi en ce qui concerne l'Anschluß.

Le Temps du 28 juillet 1928 était, à cet égard, d'une lecture bien curieuse et bien instructive. On y trouvait d'abord un article sévère contre M. Léon Blum, le chef des socialistes français, parce que lui et son parti prenaient position en faveur de l'Anschluß. On avait l'air de leur reprocher de sacrifier l'intérêt français à l'intérêt allemand. Or, un peu plus loin, dans le même numéro, on trouvait une lettre d'Allemagne, où il était aussi question de l'Anschluß, et où on lisait ceci:

      "La propagande en faveur de l'Anschluß est loin d'avoir son centre à l'Office des affaires étrangères, où non seulement on ne considère pas la question comme actuelle, mais où l'on reste très sceptique sur l'accroissement de puissance qui résulterait pour l'Allemagne de son union avec l'Autriche, aux populations 'amollies et révolutionnaires'."

Il y avait là, sous une forme injustement blessante pour les Autrichiens, la constatation d'une double vérité qui réfutait l'article du Temps contre M. Blum, et qui plaidait en faveur de l'Anschluß.

Dire des Autrichiens qu'ils sont "amollis", c'est, de la part de certains Allemands du Nord, constater qu'ils sont moins rudes qu'eux, qu'ils seraient donc, éventuellement, moins enclins qu'eux à faire la guerre. Dire qu'ils sont "révolutionnaires", c'est une manière péjorative de dire qu'ils sont libéraux. Or, c'est précisément ce double caractère des Autrichiens qui ferait d'eux, dans une Grande-Allemagne, un élément qui agirait en faveur de la paix plutôt qu'en faveur de la guerre.

Cela explique sans doute pourqoui, en Allemagne, ce sont surtout les éléments avancés, ou pacifistes, qui sont les plus favorables à l'Anschluß: socialistes, démocrates, catholiques. M. Loebe, président socialiste du Reichstag, s'en est montré un partisan aussi convaincu qu'actif. Par contre, dans les milieux conservateurs et na- [121] tionalistes, d'où l'on pourrait attendre des velléités de revanche, on se montre assez froid à l'égard d'une union où l'on verrait plutôt un impedimentum qu'un "accroissement de puissance". Sans doute estime-t-on, dans ces milieux, que six millions d'Autrichiens ,"amollis" ne seraient pas d'un grand renfort pour le Reich.

Non seulement l'Autriche réunie à l'Allemagne ferait valoir, dans une Grande-Allemagne, son influence en faveur de la paix, mais il semble naturel que cette Grande-Allemagne se résignerait d'autant plus facilement à accepter certaines conditions qui lui ont été imposées, qu'elle aurait reçu une compensation par des voies pacifiques.

Cette considération vaut aussi bien pour les voisins de l'Allemagne actuelle que pour ceux de l'Autriche actuelle. Pour une Grande-Allemagne, la question du Tyrol méridional et celle du Burgenland n'auraient pas la même importance que pour l'Autriche actuelle. Il va de soi, en effet, que plus le territoire d'un Etat est petit, plus grandes et plus importantes doivent lui apparaître les fractions de territoire qui lui sont disputées. Il s'ensuit que ni l'Italie, ni la Hongrie ne seraient menacées par la réalisation de l'Anschluß. Car une Grande-Allemagne ne commettrait certainement pas l'erreur de s'aliéner l'Italie et la Hongrie pour conquérir ou conserver deux territoires aussi peu importants que le Tyrol méridional et le Burgenland, pas plus qu'elle ne commettrait celle de s'exposer à de graves complications internationales pour reconquérir sur la Belgique le petit territoire d'Eupen-Malmédy, également sans importance pour elle.

En ce qui concerne spécialement l'Italie, Crispi n'aurait certainement pas conseillé à Bismarck de réunir l'Autriche à l'Allemagne, s'il y avait vu un danger pour son propre pays.

Agrandie de l'Autriche allemande, l'Allemagne se résignerait aussi plus facilement à renoncer aux trois millions et demi d'Allemands qui font partie de la Tchéco-Slovaquie.

Quant à certains pays que l'Anschluß pourrait laisser complètement indifférents, mais qui n'y font opposition que parce qu'ils sont plus ou moins alliés à d'autres pays qui y voient, par erreur, une menace, leur opposition tomberait par le fait même que leurs alliés auraient reconnu leur erreur.

Pour ce qui est de l'opposition qui se manifeste contre l'Anschluß dans certains milieux suisses, elle n'apparaît pas non plus, [122] à la réflexion, comme fondée. Si, pendant des siècles, le Saint-Empire, et, au XIXe siècle, la Confédération germanique, n'ont pas constitué un danger pour la Suisse, on ne voit pas pourquoi ce pays aurait à craindre quoi que ce soit d'une Grande-Allemagne, qui serait encore moins grande et moins puissante que le Saint-Empire et la Confédération germanique.

A défaut des considérations qui précèdent, un fait d'ordre très réaliste devrait induire les Etats européens à renoncer à leur opposition contre l'Anschluß. Ce fait, c'est que, que ces Etats le veuillent on non, l'Anschluß se réalisera automatiquement, d'abord en temps de paix, puis en temps de guerre, si une nouvelle guerre devait éclater.

Ce qu'on appelle l'Angleichung, c'est-à-dire l'assimilation progressive de l'Autriche et de l'Allemagne, peut être poussée très loin, même, jusqu'au Zollverein, sans que les traités s'y opposent. On peut donc prévoir qu'un moment viendra où il n'y aura plus qu'une séparation théorique entre le Reich allemand et l'Autriche. Voilà ce qui se produira en temps de paix.

En cas de guerre, qu'adviendrait-il? Le 11 octobre 1919, au Sénat français, M. Clemenceau, répondant à ceux qui lui reprochaient de n'avoir pas détruit l'unité allemande, fit remarquer que cette unité n'existait pas en 1870, ce qui n'avait pas empêché l'Allemagne du Sud de se joindre à la Prusse contre la France. Puis, il ajouta:

      "L'unité n'est pas dans les protocoles de la diplomatie; l'unité est dans les coeurs des hommes. On aime qui on aime, et on déteste qui on déteste, et, au moment du danger, on sait de quel côté aller, et au moment de la bataille on le sait aussi."

Dans le cas d'une nouvelle guerre européenne, ce raisonnement s'appliquerait plus sûrement encore à l'Autriche qu'il ne s'est appliqué à l'Allemagne du Sud en 1870. Car, l'union des coeurs est aujourd'hui plus étroite entre l'Autriche et le Reich allemand qu'elle ne l'était en 1870 entre l'Allemagne du Sud et la Prusse.

Ce nouvel argument se présente donc en faveur de l'Anschluß: l'Autriche désirant, pour des raisons d'ordre moral et matériel, s'unir à l'Allemagne, elle pourrait être portée à ne pas s'opposer à une nouvelle guerre européenne, s'il lui était prouvé que cette union ne pourrait se réaliser que par le moyen d'une guerre. Si, au contraire, il lui était donné satisfaction en temps de paix, son [123] tempérament naturellement pacifique agirait dans une Grande-Allemagne en faveur du maintien de la paix.

De tout ce qui précède, il résulte que ce n'est pas seulement la raison, la justice et l'honneur qui plaident en faveur de l'Anschluß, mais l'intérêt bien compris des anciens ennemis des puissances centrales. C'est pourquoi, si ces anciens ennemis persistaient à faire opposition à l'Anschluß, on ne pourrait l'attribuer qu'à un étrange aveuglement, à moins que ce ne soit à de la malveillance pure et simple.

Il n'est pas douteux que l'opinion publique, qui raisonne souvent d'une manière moins étroite que les politiciens, ne s'associera plus à ceux-ci dans leur opposition, le jour où on lui aura fait comprendre les éléments du problème de l'Anschluß. Ce jour-là, l'opinion publique considérerait comme le plus grand scandale des temps modernes, qu'une guerre pût être déchaînée pour empêcher les Autrichiens et les Allemands de s'unir, étant donné que la promesse de cette union était contenue dans les préliminaires de paix, et que l'Entente a prétendu faire la guerre pour le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes. Pour que ce scandale n'eût pas lieu, l'opinion publique, peut-être même les Parlements, s'insurgeraient contre les diplomates et les gouvernements, les gouvernements étant souvent les instruments aveugles des diplomates.


 
In deutscher Übersetzung:

Es kann in der internationalen Politik vorkommen, daß Entscheidungen, die durch die Vernunft, durch die Gerechtigkeit, ja selbst durch die Ehre diktiert werden, in Widerspruch stehen zu den Interessen gewisser Staaten. In diesem Falle ist es für die Staatsangehörigen dieser Länder sehr schwierig, eine Meinung über diese Fragen zu äußern. Selbst wenn sie der Objektivität, deren sie notwendigerweise ermangeln dürften, nahekämen, befänden sie sich in einer moralisch sehr heiklen Lage, da sie die Wahl haben zwischen dem Interesse ihres Landes einerseits und der Vernunft, der Gerechtigkeit, ja selbst der Ehre anderseits. Sie laufen daher Gefahr, dem Vorwurf zu begegnen, es an Patriotismus oder an moralischem Empfinden fehlen zu lassen.

Die Anschlußfrage, das heißt die Frage der eventuellen Wiedervereinigung Deutschösterreichs mit dem Deutschen Reiche, stellt sich auf eine ganz merkwürdige Art dar. Die Vernunft, die Gerechtigkeit und auch die Ehre sprechen zugunsten dieser Wiedervereinigung. Dagegen sind mehrere Staaten der Ansicht, daß diese Lösung für sie eine Gefahr bedeuten würde. Aus diesem Grunde bemühen sie sich, nachdem sie es erreicht haben, daß die Friedensverträge von Versailles und Saint-Germain ihn ohne ihre Zustimmung rechtlich verbieten, [124] ihn auch politisch in Gegenwart und Zukunft unmöglich zu machen. Diese Gegnerschaft kommt hauptsächlich von den Nachbarn Deutschlands und Österreichs: Frankreich, Belgien, Polen, Tschechoslowakei, Jugoslawien, Italien. Müssen nun die Angehörigen dieser Länder es sich versagen, zugunsten des Anschlusses zu sprechen? Man müßte bejahend antworten, wenn es sich wirklich um eine Gefahr für sie handelte. Aber ein bißchen Nachdenken genügt, um zu verstehen, daß es sich um eine einfache Einbildung handelt, eine Zwangsvorstellung. Wer vernünftig nachdenkt, der kommt zur Ansicht, daß der Anschluß, weit davon entfernt, eine Gefahr für die Nachbarn Deutschlands und Österreichs darzustellen, im Gegenteil eine der Aufrechterhaltung des Friedens förderliche Tatsache bedeuten würde.

Das ist der Grund, warum der Verfasser dieser Zeilen, als er gebeten wurde, in einem dem Anschluß gewidmeten Werke seine Meinung über diese wichtige Frage zu äußern, mit seiner Zustimmung nicht gezögert hat, obgleich seine Ansicht der Wiedervereinigung Deutschösterreichs mit dem Deutschen Reiche günstig sein dürfte. Er wußte genau, daß er sich Vorwürfen in seinem eigenen Lande oder in den alliierten oder befreundeten Ländern aussetzen würde. Aber da diese Vorwürfe ihm von Haus aus nicht begründet erschienen, da sie einer Einbildung entspringen, glaubte er ihnen nicht Rechnung tragen zu müssen. Mit anderen Worten, er hat nicht den geringsten Gegensatz gesehen zwischen dem Interesse seines Landes oder dem des Friedens im allgemeinen und einer Lösung, für die die Vernunft, die Gerechtigkeit und die Ehre sprechen.

In seinem Bericht an die französische Kammer über den Vertrag von Versailles hat Herr Louis Barthou das Selbstbestimmungsrecht der Völker an die Spitze der vier "Hauptgrundsätze" gestellt, deren Ausdruck nach seiner Behauptung dieser Vertrag wäre. Inzwischen ging aus seinem Bericht selbst hervor, daß dieses Recht in den Friedensbestimmungen nicht beachtet wurde. In gewissen Fällen, wo es verletzt wurde, mag es Milderungsgründe gegeben haben oder sogar Entschuldigungen zugunsten der Unterhändler, die es verletzt hatten. Das ist der Fall bei Böhmen, dessen Unabhängigkeit herzustellen schwierig gewesen wäre, ohne 3½ Millionen Deutsche miteinzuschließen, die ihm aber nicht angehören wollten. In anderen Fällen, wie dem Österreichs, gab es weder Milderungsgründe noch Entschuldigungen.

Im Augenblick des Friedensschlusses konnte es keinen Zweifel mehr geben, daß die Österreicher, die Deutsche sind nach Abstammung und Sprache, Großdeutschland angehören wollten. Am 12. März 1919, also vor der Unterzeichnung der Verträge von Versailles und Saint-Germain, hatte die österreichische Nationalversammlung einen einstimmigen Beschluß gefaßt, der für Österreich die republikanische Verfassung festsetzte und seine Vereinigung – also den Anschluß – mit der deutschen Republik proklamierte. Als auf Grund des Einspruches der Entente die Nationalversammlung sich darein ergeben hatte, am 6. September 1919 den Vertrag von Saint-Germain anzunehmen (mit 97 Stimmen gegen 23), beschloß sie zu gleicher Zeit einen Protest gegen die Ungerechtigkeit, die an Österreich durch das Anschlußverbot begangen wurde. Nach der Abstimmung über den Vertrag fanden zahlreiche Kundgebungen statt, die bewiesen, daß die Sehnsucht nach dieser Vereinigung in den Herzen der [125] Österreicher lebendig blieb. Das war deutlich der Fall am 1. Oktober 1920, als die Nationalversammlung mit Stimmeneinhelligkeit die Regierung aufforderte, auf dem Wege der Volksabstimmung dem Volke die Frage der Vereinigung Österreichs mit Deutschland vorzulegen, eine Befragung, die durch einen neuen Einspruch der Entente unmöglich gemacht wurde. Herr André Tardieu hat sich also eine Spitzfindigkeit zuschulden kommen lassen, als er in der französischen Kammer am 26. Mai 1920 und später in seinem Buche La paix aus der Annahme des Vertrages von Saint-Germain durch die österreichische Nationalversammlung einen Schluß zog, der bestreiten sollte, daß Österreich den Anschluß wolle.

Im Gegensatz zu der Lage anderer vergewaltigter Nationen oder nationaler Minderheiten, wäre die Vereinigung von Österreich mit dem Deutschen Reich kein Hindernis gewesen für die Schaffung oder Wiederaufrichtung anderer Staaten, die man schaffen oder wiederaufrichten, noch für die Vergrößerung gewisser Staaten, die man vergrößern wollte.

Daraus ergibt sich, daß man heute dem Wunsche der Österreicher, sich mit Deutschland zu vereinigen, entsprechen könnte, ohne irgendeinem Staat zu schaden, was nicht der Fall wäre, wenn man das Selbstbestimmungsrecht nationalen Minderheiten geben wollte, denen man es genommen hat, indem man sie gegen ihren Willen Staaten eingliederte, denen sie nicht angehören wollten.

[130]      Volksgebiete und Staatsgrenzen in Europa vor dem Weltkriege.      [Vergrößern]
Volksgebiete und Staatsgrenzen in Europa vor dem Weltkriege.
[130]      Volksgebiete und Staatsgrenzen in Europa vor dem Weltkriege.      [Vergrößern]

[131]      Volksgebiete und Staatsgrenzen in Europa nach dem Weltkriege.      [Vergrößern]
Volksgebiete und Staatsgrenzen in Europa nach dem Weltkriege.
[131]      Volksgebiete und Staatsgrenzen in Europa nach dem Weltkriege.      [Vergrößern]

Nicht nur vom völkischen, sprachlichen und kulturellen Standpunkt und vom Gesichtspunkt des Selbstbestimmungsrechtes der Völker würde der Anschluß eine ganz normale Angelegenheit darstellen. Er wäre es auch in historischer und politischer Beziehung, denn das wäre nur eine Rückkehr zur Vergangenheit, zu einer tausendjährigen Vergangenheit, die den natürlichen Bedingungen Mitteleuropas entsprach.

Österreich hatte daran teil während der Jahrhunderte des Heiligen Römischen Reiches Deutscher Nation. Nach den Erschütterungen des revolutionären und napoleonischen Zeitalters hat Europa im Jahre 1815 das Heilige Reich wiederhergestellt in anderer Form und unter anderem Namen: Deutscher Bund. Es mußte die Politik Bismarcks kommen, um 1866 dieses politische Gebilde zu zerstören. Mehr Preuße als Deutscher hat Bismarck Deutschland Preußen geopfert um den Preis eines Bürgerkrieges, währenddessen er sich mit einem fremden Staat gegen die Hälfte der Deutschen verbündete. Getrieben durch einen Geist, der ihn später den Kulturkampf, einen Bürgerkrieg unter Deutschen in anderer Form, unternehmen ließ, verfolgte er in Österreich nicht nur die Herrschaft der Habsburger, eine Dynastie, die er als Rivalen der Hohenzollern betrachtete, sondern auch, und hauptsächlich sogar, einen katholischen Staat. Der Zug zur Einheit war jedoch unter den Deutschen so stark, daß Bismarck, nachdem er diese Einigkeit im Jahre 1866 zerstört hatte, sie 1871 nach der Niederlage Frankreichs teilweise wieder herstellte; nur teilweise, denn er blieb Österreich gegenüber feindlich und unnachgiebig. In den Memoiren Crispis kann man diese merkwürdige Tatsache feststellen: während der italienische Staatsmann im Verlaufe einer Unterredung mit Bismarck sich für eine Wiedervereinigung Österreichs und Deutschlands günstig gesinnt gezeigt hat, verhielt sich dagegen der deutsche Kanzler abweisend und fügte noch hinzu, wenn man ihm Provinzen des katholischen Österreich anböte, würde er sie nicht annehmen.

[126] Ist es nicht sonderbar, wenn man heute sieht, wie gewisse Mächte, z. B. Frankreich, hartnäckig darauf bestehen, den Rest, der vom Werke Bismarcks noch geblieben ist, aufrechtzuerhalten?

Die Pariser Zeitung Excelsior vom 14. September 1930 hat über die Frage der eventuellen Revision der Friedensverträge einen Aufsatz von Poincaré veröffentlicht, in dem man ein sehr schwerwiegendes Argument zugunsten des Anschlusses finden kann. Der ehemalige Präsident der Republik stellte zuerst fest, daß man die Verträge nicht auf der Basis des Rechtes des Sieges abändern könnte und sagte dann:

      "Man wird sich also anstrengen, andere, den Wünschen der Gegenwart besser entsprechende Regeln anzuwenden. Aber welche? Die Grenzen der europäischen Staaten wurden durch die Jahrhunderte zu oft verschoben, als daß man in der Geschichte eine ideale Abgrenzung fände, die durch die Zeit und die einhellige Zustimmung der Völker geheiligt wäre. Man könnte da der Reihe nach hundertmal herumfragen. Man würde dabei notwendigerweise – des ewigen Streites müde – zu dem Kriterium von 1919 auf die Nationalitäten zurückkommen. Ich habe unlängst erst gezeigt, wie verschwommen und unbestimmt dieser Begriff ist, wenn man sich nicht zuerst die Mühe gibt, ihn ganz klar zu definieren. Was nun immer das völkische oder sprachliche Kennzeichen sei, nach dem man eine Nationalität zu unterscheiden behauptet, man hat nichts getan, wenn man nicht die anderen Elemente beachtet, aus denen sie sich zusammensetzt, und zwar vorzüglich die, die Ernest Renan in seiner berühmten Schrift aufgezählt hat, Gemeinsamkeit der Erinnerungen und Traditionen, Einfluß des Landes und der Ahnen, das Bewußtsein nationaler Gemeinschaft, den Willen zusammenzuleben, ein Vaterland zu gründen und dauernd an ihm festzuhalten. Wie könnte man in einer gesunden Vorstellung von Gerechtigkeit und Frieden die Interessen und Wünsche dieser Kollektivwesen vernachlässigen?"

Im Falle Österreichs und Deutschlands spricht nicht nur das "völkische und sprachliche Kennzeichen" zugunsten des Anschlusses, sondern ebenso die anderen "Elemente", von denen Poincaré spricht: die "Gemeinsamkeit der Erinnerungen und der Traditionen", der "Einfluß des Landes und der Ahnen", das "Bewußtsein nationaler Gemeinschaft" und hauptsächlich der "Wille, zusammenzuleben, ein Vaterland zu gründen und dauernd an ihm festzuhalten".

Als Poincaré so sprach, dachte er sicher an den Elsaß, dessen Anschluß an Frankreich nicht durch das "völkische und sprachliche Kennzeichen", sondern durch die anderen "Elemente", von denen er sprach, gerechtfertigt ist.

Ernest Renan, auf dessen Autorität Poincaré sich stützt, hat gesagt, daß die Elsässer Deutsche seien, aber Deutsche, die Frankreich angehören wollten und daß dadurch die Frage entschieden sei.

Wenn es normal und gerecht ist, daß Deutsche – die Elsässer – zu Frankreich gegangen sind, weil sie es wollten, wäre es da nicht noch normaler und gerechter, daß Deutsche – die Österreicher – zu Deutschland gehen, wenn sie es wollen?

Der Hauptgrund, der für den Anschluß spricht, insofern wenigstens als er von Österreich und Deutschland gewünscht wird, ist eine Frage der Ehre. Die beiden Mittelmächte hatten ihren Gegnern vorgeschlagen, den Frieden auf [127] Grund des von Wilson ausgearbeiteten Programms zu schließen, das vier Serien von Punkten umfaßte: Die 14 Punkte der Botschaft an den Kongreß vom 8. Jänner 1918; die 4 Punkte der Botschaft an den Kongreß vom 11. Februar 1918, die auf die deutschen und österreichischen Friedenserklärungen antworteten; die 4 Punkte, ausgesprochen in der Rede in Mount Vernon am Grabe Washingtons am 4. Juli 1918, endlich die 5 Punkte der Rede vom 27. September 1918 anläßlich der Eröffnung der Kampagne über die Freiheitsanleihe. Die Entente hat in aller Form zugestimmt, daß der Friede auf dieser Grundlage geschlossen werde. Es handelte sich da, was keineswegs zu bestreiten ist, um Friedenspräliminarien. Nachdem diese Präliminarien abgeschlossen waren, hatte die Entente von den beiden Mittelmächten gefordert, daß sie sich in einen Stand versetzten, der ihnen die Wiederaufnahme militärischer Operationen unmöglich machte, was ihr auch zugestanden wurde. Nachdem die Entente das erreicht hatte, hielt sie sich nicht mehr an die Friedenspräliminarien und legte ihren Gegnern viel härtere Bedingungen auf, als es die vereinbarten waren.

Auf seiten der Entente, die sich von nun an unverteidigten Gegnern gegenüber befand, stellte diese Verletzung der Friedenspräliminarien ein Vergehen gegen die Ehre dar.

Die Friedenspräliminarien ließen, das läßt sich nicht bestreiten, die Vereinigung Österreichs und Deutschlands, mit anderen Worten den Anschluß zu, insofern wenigstens, als diese Vereinigung von beiden Ländern gewünscht würde.

In der Botschaft vom 11. Februar 1918 hieß es:

      "Die Völker und Provinzen dürfen nicht mehr von einer Staatshoheit zur anderen verschachert werden, als ob sie bloße Sachen oder Steine in einem Spiel wären, sei es auch in dem nunmehr für immer verrufenen Spiel des Mächtegleichgewichtes."
      "Jede durch diesen Krieg aufgeworfene Gebietsfrage muß im Interesse und zugunsten der beteiligten Bevölkerungen gelöst werden und nicht als Teil eines bloßen Ausgleiches oder eines Kompromisses zwischen Ansprüchen wetteifernder Staaten."
      "Alle klar umschriebenen nationalen Aspirationen sollen die weitestgehende Befriedigung finden, die ihnen zuteil werden kann, ohne neue oder die Vereinigung alter Elemente von Zwist und Gegnerschaft, die den Frieden Europas und somit der ganzen Welt wahrscheinlich bald wieder stören würden, in das Ergebnis aufzunehmen."

In der Rede vom 4. Juli 1918 hieß es:

      "Regelung aller Fragen, sowohl der Gebiets- wie der Souveränitätsfragen, der wirtschaftlichen Vereinbarungen und politischen Regelung durch das Volk, das unmittelbar davon betroffen ist, und nicht auf der Grundlage des materiellen Interesses oder Vorteiles irgendeines anderen Volkes, das eine andere Regelung gar Ausbreitung seines Einflusses oder seiner Herrschaft wünscht."

Da die "nationalen Aspirationen" Österreichs und Deutschlands im Sinne des Anschlusses so genau als möglich definiert waren, so geht aus diesen Textstellen genau hervor, daß die Entente das Programm Wilsons, mit anderen Worten die Friedenspräliminarien, verletzt hat, da sie den Willen und das Inter- [128] esse der Österreicher und der Deutschen nicht einmal ihrem Interesse, sondern nur dem, was es für ihr Interesse hielt, geopfert hat.

Um den Sinn dieses Wortbruches genau zu fassen, muß man sich die Lage folgendermaßen vorstellen. Zu gleicher Zeit, als die Entente von Deutschösterreich verlangt hatte, der Auflösung der alten österreichisch-ungarischen Monarchie zuzustimmen, hatte sie ihm als Entschädigung seine Eingliederung in einen anderen Großstaat, in das Deutsche Reich, versprochen, was seine nationalen Wünsche und seine wirtschaftlichen Interessen befriedigt hätte. Auf der anderen Seite hatte man zu gleicher Zeit, als man vom Reich die Abtretung wichtiger Gebietsteile, besonders Elsaß-Lothringens, verlangte, ihm eine territoriale Entschädigung in der Form des Anschlusses versprochen. Und in diesem doppelten Versprechen hat die Entente den Zentralmächten gegenüber versagt. Wenn die Siegerstaaten heute auf alle ihre Verstöße gegen die Friedenspräliminarien zurückkommen wollten, müßten sie manche wirkliche Vorteile opfern, die ihnen diese Verstöße eingetragen haben. Allerdings trifft dies nicht zu in der Angelegenheit des Anschlusses.

Der Temps vom 28. Juli 1928 war in dieser Beziehung eine gar merkwürdige und sehr lehrreiche Lektüre. Man fand da zuerst einen scharfen Aufsatz gegen Herrn Leon Blum, den Führer der französischen Sozialisten, da er und seine Partei eine dem Anschluß günstige Stellung einnahmen. Man gab sich den Anschein, ihnen den Vorwurf zu machen, daß sie das französische Interesse dem deutschen zum Opfer brächten. Nun, etwas weiter, in der gleichen Nummer, fand man einen Brief aus Deutschland, wo ebenfalls vom Anschluß die Rede war, und dort las man folgendes:

      "Es ist keine Rede davon, daß die Anschlußpropaganda ihren Mittelpunkt im auswärtigen Amt hat, wo man nicht nur die Frage als nicht aktuell bezeichnet, sondern sogar sehr skeptisch über den Machtzuwachs denkt, der sich für Deutschland aus seiner Vereinigung mit Österreich ergäbe, einem Lande mit einer weichlichen und revolutionären Bevölkerung'".

Damit wurde in einer ungerechterweise die Österreicher verletzenden Form eine doppelte Wahrheit festgestellt, die den Artikel des Temps gegen Herrn Blum widerlegte und die zugunsten des Anschlusses sprach.

Zu sagen, daß die Österreicher "weichlich" sind, das heißt vom Standpunkt gewisser Norddeutscher feststellen, daß sie weniger hart sind als sie und daß sie also gegebenenfalls weniger als sie geneigt wären, Krieg zu führen. Sie "revolutionär" zu nennen, ist eine gehässige Art zu sagen, daß sie liberal sind. Nun, das ist genau dieses Doppelwesen der Österreicher, das sie in einem Großdeutschland zu einem Element machte, das eher für den Frieden wirken würde als für den Krieg.

Das erklärt zweifellos, warum in Deutschland hauptsächlich die fortschrittlichen oder friedliebenden Elemente es sind, die in erster Linie für den Anschluß sind: Sozialisten, Demokraten, Katholiken. Herr Loebe, der sozialistische Reichstagspräsident, hat sich als ein ebenso überzeugter wie rühriger Vorkämpfer gezeigt. Umgekehrt zeigt man sich in den konservativen und nationalistischen Kreisen, von denen man Revanchegedanken erwarten könnte, ziemlich kühl einer Vereinigung gegenüber, von der man eher ein Hindernis als einen "Macht- [129] zuwachs" erwarten könnte. Ohne Zweifel glaubt man in diesen Kreisen, daß sechs Millionen "weichliche" Österreicher keine große Verstärkung für das Reich wären.

Österreich an Deutschland angeschlossen, würde in einem Großdeutschland nicht nur seinen Einfluß zugunsten des Friedens zur Geltung bringen, es scheint auch natürlich, daß dieses Großdeutschland sich um so leichter damit abfinden würde, gewisse ihm auferlegte Bedingungen anzunehmen, als es auf friedlichem Wege eine Entschädigung erlangt hätte.

Diese Überlegung gilt ebenso für die Nachbarn des gegenwärtigen Deutschland, wie für die des heutigen Österreich. Für ein Großdeutschland hätte die Südtiroler und die burgenländische Frage nicht die gleiche Wichtigkeit wie für das jetzige Österreich. Es versteht sich natürlich von selbst, daß, je kleiner das Gebiet eines Staates ist, ihm die ihm bestrittenen Gebietsteile um so größer und wichtiger erscheinen. Daraus folgt, daß weder Italien noch Ungarn durch die Verwirklichung des Anschlusses bedroht wären. Denn ein Großdeutschland würde sicher nicht den Fehler begehen, sich Italien oder Ungarn zu entfremden, um zwei Gebiete zu erobern oder zu behalten, die so geringe Bedeutung haben wie Südtirol oder das Burgenland, auch würde es sicher nicht den Fehler begehen, sich schweren internationalen Verwicklungen auszusetzen, um von Belgien das für es gleichfalls unbedeutende kleine Gebiet von Eupen-Malmedy zurückzuerobern. Und was im besonderen Italien anlangt, so hätte Crispi sicher nicht Bismarck geraten, Österreich wieder Deutschland anzugliedern, wenn er darin eine Gefahr für sein eigenes Land gesehen hätte.

Vergrößert um Deutschösterreich würde sich Deutschland um so leichter damit abfinden, auf die dreieinhalb Millionen Deutsche zu verzichten, die der Tschechoslowakei angehören.

Was nun gewisse Länder betrifft, die der Anschluß vollkommen kalt lassen könnte, die aber darin nicht widersprechen wollen, weil sie mehr oder weniger mit anderen Mächten alliiert sind, die irrtümlicherweise darin eine Bedrohung sehen, so würde deren Widerstand mit der Tatsache fallen, daß ihre Verbündeten ihren Irrtum erkannt hätten.

Was nun den Widerstand anlangt, der sich in gewissen Schweizer Kreisen gegen den Anschluß bemerkbar macht, so erscheint dieser bei ruhiger Überlegung nicht begründet. Wenn jahrhundertelang das Heilige Römische Reich Deutscher Nation und im 19. Jahrhundert der Deutsche Bund für die Schweiz keine Gefahr dargestellt haben, so sieht man nicht ein, wieso dieses Land Grund zur Furcht hätte und sei dies auch vor einem Großdeutschland, das immer noch kleiner und schwächer wäre als das Heilige Reich und der Deutsche Bund.

Unbeschadet der vorhergegangenen Überlegungen müßte eine reale Tatsache erster Ordnung die europäischen Staaten dahin bringen, auf ihren Widerstand gegen den Anschluß zu verzichten. Diese Tatsache ist, daß der Anschluß, mögen ihn nun diese Staaten wollen oder nicht, von selbst kommen wird. Zuerst einmal in Friedenszeiten, dann in Kriegszeiten, wenn ein neuer Krieg zum Ausbruch käme.

Was man die "Angleichung" nennt, das heißt die fortschreitende Angleichung von Österreich und Deutschland, so kann diese sehr weit getrieben werden, bis zum Zollverein, ohne daß die Verträge dem widersprächen. Man [130] kann daher voraussehen, daß der Augenblick kommen wird, wo es zwischen dem Reich und Österreich nur noch eine theoretische Trennung gibt. Das würde sich schon im Frieden vollziehen.

Was würde nun im Falle eines Krieges eintreten? Am 11. Oktober 1919 wies Clemenceau im französischen Senat in seiner Antwort auf die Vorwürfe, daß er die deutsche Einheit nicht zerstört habe, darauf hin, daß diese Einheit 1870 nicht bestanden habe, was aber Süddeutschland nicht gehindert habe, sich mit Preußen gegen Frankreich zu vereinigen. Dann fuhr er fort:

      "Die Einheit liegt nicht in den diplomatischen Protokollen. Die Einheit ist in den Herzen der Menschen. Man liebt, wen man liebt, und man haßt, wen man haßt, und im Augenblick der Gefahr weiß man, wohin man sich wenden soll und im Augenblick des Krieges weiß man es ebenfalls."

Im Fall eines neuen europäischen Krieges würde diese Überlegung noch viel sicherer Anwendung finden für Österreich, als sie 1870 für Süddeutschland [131] in Betracht kam. Denn die gefühlsmäßige Einheit zwischen Österreich und dem Reiche ist heute noch viel enger als sie es 1870 zwischen Süddeutschland und Preußen war.

Noch eine neue Überlegung spricht für den Anschluß: Österreich könnte in seinem Wunsche, sich aus Gründen moralischer oder materieller Natur mit Deutschland zu vereinigen, dahin gebracht werden, sich einem neuen europäischen Kriege nicht zu widersetzen, wenn es den Beweis hätte, daß die Vereinigung sich nur durch das Mittel des Krieges verwirklichen lasse. Wenn ihm dagegen bereits in Friedenszeiten sein Recht gegeben würde, so würde sein von Haus aus friedliches Temperament in einem Großdeutschland im Sinne der Aufrechterhaltung des Friedens wirken.

Aus all dem Vorangegangenen ergibt sich, daß nicht nur die Vernunft, die Gerechtigkeit und die Ehre für den Anschluß sprechen, sondern auch das wohlverstandene Interesse der ehemaligen Feinde der Zentralmächte. Daher könnte man, wenn die früheren Feinde auf ihrem Widerstand gegen den Anschluß be- [132] harrten, dies nur einer seltsamen Verblendung zuschreiben, wenn man es nicht einfach aus reiner Böswilligkeit erklären soll.

Es ist kein Zweifel, daß die öffentliche Meinung, die häufig weniger beschränkt urteilt als die Politiker, sich von dem Tage an nicht länger deren Widerstand anschließt, an dem man ihm die Grundlagen des Anschlußproblems klargemacht hat. An diesem Tage wird es die öffentliche Meinung als den größten Skandal der Neuzeit ansehen, daß ein Krieg entfacht werden könnte, um die Österreicher und die Deutschen an der Vereinigung zu verhindern, wenn die Tatsache gegeben ist, daß das Versprechen dieser Vereinigung in den Friedenspräliminarien enthalten war und die Entente behauptet hat, für das Selbstbestimmungsrecht der Völker Krieg zu führen. Um diesen Skandal zu verhindern, wird sich die öffentliche Meinung, vielleicht sogar die Parlamente, gegen die Diplomaten und Regierungen erheben, gegen die Regierungen, die häufig nur die blinden Instrumente der Diplomaten sind.


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Die Anschlußfrage
in ihrer kulturellen, politischen und wirtschaftlichen Bedeutung

Friedrich F. G. Kleinwaechter & Heinz von Paller